Voici le journal de Claude, qui
est un fidèle client de Trinetra. Lui, ce qu'il aime, c'est de partir
tout seul dans la montagne avec juste un guide porteur.
Plus c'est sauvage , plus il aime.
En 1999, c'était le trek du Sing Là pass, enchaîné avec celui de la vallée
du Langtang, accompagné par Bimal Gurung. |
Katmandou: 1er octobre
Une inscription en
français sur la porte d’entrée: Trinetra adventure: Le
professionnalisme au service de l’émerveillement". J'avais pris contact
par fax, depuis la France, avec cette petite agence de
Katmandou, et me voila arrivé pour faire connaissance avec le porteur que l'on
m'avait promis, et qui serait mon compagnon de route (de sentier devrais-je
plutôt dire) pendant plus de trois semaines de trekking, en grande partie dans
une région peu fréquentée (je veux dire par les touristes. L'accueil est
sympathique: le responsable parle un français impeccable. Bimal Gurung,
mon porteur (la deuxième partie du nom indique, comme d'habitude,
l'appartenance ethnique), a quelques notions d'anglais, et pour ma part j'ai
appris quelques notions de népali. Nous communiquerons dans une espèce de
mélange anglais-népali, avec quelques mots de français qu'il connaît pour
avoir déjà accompagné des groupes de touristes français. "Bonjours"
"bon appétit", "Ca va ?", "maison",
"Sangsue", "orties", etc.
Nous convenons du départ dès le lendemain matin de Katmandou
pour Gorkha, une petite ville à une demi-journée de car de la
capitale, vers l'ouest, un peu au Nord de l'axe Katmandou-Pokhara.
Et Bimal se charge d'acheter les billets aujourd'hui. |
2 octobre:
Ponctuel au rendez-vous, Bimal me
rejoint au moment précis où je franchis la porte de l'hôtel après avoir pris
congé. Il me libère de mes affaires et nous trouvons très vite un taxi pour
la gare routière. Je serai le seul
occidental à l'intérieur du car. Un voyage
tout à fait dans le style des gens du pays, sur une route qui permet d'admirer
dès à présent les "collines" (en fait de la moyenne montagne aux
pentes souvent raides), avec la végétation, les cultures en terrasses, les
maisons et leur cadre souvent pittoresque, les bêtes domestiques, les
habitants. Contrairement aux routes occidentales, il n'y a pratiquement pas de
voitures individuelles. L'essentiel de la fréquentation concerne les cars, les
camions, parfois des jeeps, des deux - roues ou des taxis. Des virages, des
dénivelés parfois impressionnants. Un vestige de car reste au beau milieu d'un
flanc de montagne, un autre vestige calciné (plus récent celui-la) reste sur
la route. Pour ce qui nous concerne, nous n'aurons pas d'autre pépin qu'un pneu
crevé... qui deviendra mon voisin à l'intérieur du car. Un arrêt rapide
permet de se restaurer en dal-bhat (le plat népalais traditionnel à base de
riz, de soupe de lentilles et de quelques légumes). Pour ma part je me
contenterai d'un bon thé.
Après l'installation à l'hôtel près de l'arrêt des ces cars à Gorkha
(Bimal réussit en quelques minutes à négocier une division par
deux du prix de l'hébergement), nous partons visiter le château et le temple
qui domine la ville. C'est de la qu'est originaire la dynastie royale actuelle
du Népal, celle des Shahs. Prithvi Narayan Shah,
né à cet endroit, a été l'unificateur du Népal après avoir
conquis Katmandou et en avoir fait sa nouvelle capitale il y a
plus de deux cents ans. |
3 octobre:
Si le soleil nous a gâtés la veille, aujourd’hui la pluie a fait son
apparition et nous retardons un peu notre départ, le temps que ça se calme. De
quoi terminer et poster quelques courriers avant d'attaquer la marche. Au
passage nous achèterons de grands sacs plastiques dans une boutique, que nous
fendrons sur un côté afin qu'ils servent de protection, pour nous et pour nos
sacs, à la manière népalaise. (Bien sur on peut trouver plus pratique en
Occident et sans doute à Katmandou, mais pas pour l'équivalent
de quatre francs français).
La pluie se calmera progressivement, et nous nous arrêterons pour manger dans
une petite maison de thé en bordure de sentier. L'attraction du lieu (mise à
part ma propre présence dans un lieu qui ne voit passer ordinairement que les
populations locales), c'est un petit bébé singe que j'aurai l'occasion de
cajoler (c'est bien la première fois de ma vie).
Nous sommes dans la descente vers Sangu, sur les rives de la Darondi Khola
(Khola veut dire ruisseau ou rivière), et nous remonterons par la suite le
cours de cette vallée vers le nord pendant deux jours.
L'hébergement et les repas pendant le trekking se feront essentiellement dans
de petits "hôtels" locaux conçus pour les Népalais et non pour des
touristes. Ce n'est pas le confort que je suis venu chercher, mais le sentiment
de me trouver vraiment au cœur du pays, et je ne serai pas déçu. Les repas se
prennent souvent avec la famille auprès de laquelle on est hébergé. Table et
chaise (ou banc) ne sont pas garantis partout. On peut avoir une cuillère si
comme moi on répugne à manger avec les doigts, mais il faut souvent le
demander explicitement. Le menu est le même partout : dal bhat.
Les gens en général (et Bimal en particulier) sont capables de manger des
quantités de dal bhat proprement ahurissantes. Si Bimal ne peut se passer de
ses deux dal bhats par jour (mais la charge qu'il porte est très
largement supérieure à la mienne), pour ma part je m'apercevrai bien vite que
je plafonne à un. Pour l'autre repas je me rabattrai sur une soupe de nouilles
toute faite (fabriquée au Népal et disponible dans toutes les boutiques
villageoises) à laquelle il suffit d'ajouter de l'eau bouillante. Et parfois je
me contenterai d'un thé et de quelques biscuits secs, disponible partout également. Pour
les enfants, un touriste comme moi constitue souvent une attraction
particulière. Ils s'intéressent à ma lampe frontale, à mon manuel de
népali, à mes photos, à mon livre illustré sur le Népal.
Les adultes poseront des tas de questions dans la limite des possibilités
linguistiques (les miennes en népali, les leurs en anglais). Ce soir ils me
feront voir une plaquette de paracétamol en me demandant à quoi ce médicament
sert exactement. La je serai en mesure de répondre. Mais en général je
resterai souvent démuni face à des problèmes de santé qu’ils me
soumettront. Je ne suis pas médecin.
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4 octobre:
Notre marche se poursuit à travers une région
sub-tropicale dominée par les rizières (champs irrigués) que nous traversons.
A l'occasion nous profitons des bananes et des oranges (en fait des mandarines),
au goût a faire pâlir celles que nous trouvons dans nos supermarchés.
Bientôt nous monterons en altitude et les fruits seront presque introuvables.
Nous croisons souvent du monde avec la salutation universelle: Namaste.
Dans les régions ou il n'y a pas de routes, les seules voies de communication,
aussi bien pour la circulation des personnes (militaires, écoliers, personnes
retournant à leur village après avoir été en ville, etc...) que pour celle
des biens (alimentation, kérosène, bétail, bois, fourrage, meubles, tôle
ondulée, ustensiles, etc...), ce sont les sentiers. Et en général les
transports se font à dos d'hommes. Nous verrons quand même une file d'ânes
transportant du riz en direction des villages d'altitude. La chute d'un sac de
riz provoquera un embouteillage (mais rien de comparable avec nos embouteillages
sur autoroute).
Avec Bimal la connaissance s'approfondit peu a peu. Il a
vingt-cinq ans, il est du pays et connaît ce parcours sur le bout des doigts,
puisque nous nous rendons vers son village ou nous avons décidé de nous
arrêter une journée. Comme, malgré sa charge, il est en mesure de marcher
nettement plus vite que moi, je lui propose, lors d'une petit pause en forêt,
de prendre les devants pour aller commander le repas de midi dans la prochaine
localité en attendant qu’il me rejoigne. Lui, d'ordinaire si conciliant, refuse
net : il faut que nous marchions ensemble car le risque de bandits dans la forêt
n'est pas exclu, et un touriste marchant seul peut constituer une cible
favorite.
Le soir, alors que le soleil nous a pourtant gâtés dans la journée, et alors
que Beluwa, où nous devons passer la nuit, n'est plus qu'à une
demi-heure, voilà que la pluie nous surprend. Un passage de pont en planches,
mouillées et légèrement inclines, sans balustrade, ne m'inspire qu'une
confiance limitée, mais nous arrivons au but sans dommages. |
5 octobre:
C'est aujourd'hui que nous allons grimper en
altitude (un dénivelé de 1100 mètres nous attend) et
quitter le domaine des
rizières pour celui des pommes de terre, du millet, du mais, de l'éleusine.
L'extrémité inférieure d'un câble, installé avec l'aide de la coopération
internationale, et destiné à faire monter du matériel jusqu'au village de Barpak,
a été détruite par les eaux et le tout se trouve donc en panne actuellement. Une dernière fois nous consommerons des
bananes achetées à un Baung passant par-là (L'ethnie Baung
cohabite avec les Gurungs dans les villages de basse altitude que nous venons de
traverser). Un porteur d'un
grand sac de riz, que nous rencontrerons à plusieurs reprises dans la journée,
s'entretient avec Bimal lors de fréquents arrêts. Avec lui nous contemplerons
le travail des champs sous le soleil lorsque, la pente devenant moins
raide,
nous aurons quitté la forêt. En effet, la population exploite tous les
endroits dont la pente n'est pas trop forte pour permettre l'installation de
terrasses en culture. Des abris précaires servent par-ci par-la pour les
hommes, les bêtes ou le fourrage.
A l'approche du village, des monuments avec des inscriptions sont érigés à la
mémoire de défunts qui sont décédés ailleurs, à katmandou,
à l'étranger. Beaucoup de Gurungs ont servi comme militaires dans des
régiments de différents pays, et si certains en sont revenus avec une pension
consistante, d'autres y ont trouvés la mort.
Le ciel se couvre en fin d'après-midi, mais nous atteignons Barpak,
un gros village Gurung bâti sur un éperon, avant l'arrivée de
la pluie.
La présence insolite d'un occidental attire la curiosité des
enfants. Un jeune poussera l'audace jusqu'à me rejoindre dans ma chambre et
regardera mes livres et mes photos. Parfois les difficultés de communication
dues à la langue créeront une petite gêne, vite désamorcée dans un grand
éclat de rire. |
6 octobre:
Le temps est maussade, mais c'est le soleil
dans le cœur de Bimal qui chante. C'est aujourd’hui que nous
allons atteindre son village de Laprak. Deux Baungs nous
dépassent. Ils vont s'approvisionner en pommes de terre à Laprak.
C’est ainsi que les pommes de terre produites en altitude sont
" exportées " vers le bas, alors que le riz produit en bas
est " importé " vers les villages de montagne. Le ciel couvert nous chercherons le Baudha
Himal et le Ganesh Himal, qui sont normalement visibles au
passage du col. Et le village de Laprak apparaît peu à peu
précédé de son école (cette dernière est souvent construite légèrement à
l’extérieur de villages).
Arrivé chez lui, Bimal apprend qu’il est papa d’une petite
fille depuis trois jours. Mais son épouse dort et nous en profitons pour aller
chez sa sœur chez qui je serai hébergé.
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Bimal
dans son jardin |
7 octobre:
J’ai prévu de m’arrêter une journée à
Laprak, pour permettre à Bimal de profiter un peu de son passage
chez lui, et pour me permettre un peu de repos... et la découverte plus
tranquille de la vie d’un village : les femmes en train de laver, de
tisser et de filer, les hommes en train de tresser des nattes ou des clôtures
en bambou.
Nous ferons le
tour du village et Bimal me fera voir les parcelles qu’il
cultive avec sa famille, le cimetière, l’école (où j‘entendrai de l’extérieure
une leçon d’anglais), le dispensaire local. Je
ferai connaissance avec la maman de Bimal (qui me recevra avec des
œillets d’Inde), avec son épouse, son petit frère et son oncle. Son père
est décédé depuis des années (ce qui l’a obligé à interrompre sa
scolarité très jeune).
C’est certainement la journée où je prendrai le plus de photos , non
seulement celles dont j’aurai l’initiative, mais aussi toutes celles qui me
serons demandées par la famille et le voisinage. |
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Les
villageoises |
8 octobre :
Nous traversons encore des terrains cultivés.
Peu de porteurs ou de voyageurs. Les personnes que nous rencontrons sont pour
l'essentiel des gens du village (ou du village suivant) qui travaillent dans les
champs. A Gumada, où nous nous arrêterons pour manger, un jardin
exhibe de gros concombre (une variété inconnue chez nous) et je profite de
l'occasion pour en acheter un. Les crudités sont plutôt rares dans mon
périple.
Le restant de la journée nous ne rencontrerons presque plus personne en dehors
des villages. Ce sentier n'a pas beaucoup de raisons d'être fréquenté,
puisque les prochains villages sont approvisionnés par la vallée de la Buri
Gandaki (ou nous descendrons en fin de journée). Qui plus est, les
pluies récentes l'ont considérablement détérioré, ce qui nous vaudra
quelques acrobaties, surtout dans les passages de ravins. (Bimal
m'explique qu'il existe un autre itinéraire, mais plus long, de l'autre côté
de la Machha khola). En
récompense nous aurons droit à des panoramas magnifiques et a une vue
plongeante sur la vallée de la Buri Gandaki, particulièrement
encaissée. Puis c'est la descente raide jusqu'à Machha Khola
(c'est à la fois le nom d'un affluent de la Buri Gandaki et celui
du village qui se trouve au point de confluence). Bimal
me fait remarquer que le camping est occupé. Nous apprendrons qu'il s'agit d'un
groupe de Danois. Notre itinéraire coupe en effet celui qui monte vers le Manaslu.
Exceptionnellement nous aurons donc accès a des boissons fraîches sucrées, au
téléphone et à un contrôle de police. |
9 octobre:
La traversée de la Buri Gandaki
se fait par un pont suspendu. Puis nous rencontrons tout un groupe de villageois
de Khasigaon (le village ou nous nous apprêtons à grimper) au
bord de la rivière. Ils viennent de descendre en nombre, hommes, femmes et
enfants, pour le marché de riz qui a lieu aujourd'hui à Machha Khola,
afin de s'approvisionner. La
montée est raide comme l'était la descente de la veille. Je souffle à chaque
pas, et nous ne sommes pourtant qu'entre 1200 et 2000 mètres d'altitude. Je
vais traîner un problème digestif pendant deux jours (ce sont des choses qui
peuvent arriver). |
10 octobre:
Nous quittons Khasigaon pour Yarsa,
où nous nous arrêtons pour manger. Puis une forte descente avant de traverser
un cours d'eau et de remonter en direction du col de Mangey. A la
façon dont je souffle, je devine que je n'arriverai pas au col avant la tombée
de la nuit. Nous décidons donc de camper dans la forêt, sur quelques mètres
carrés à peu près plats. Ce sera la seule fois où nous aurons besoin de la
tente. Un jeune berger gurung, qui fait paître ses buffles dans le coin,
m'observe avec un air de compassion, pendant que j'essaie en vain de faire
fonctionner mon brûleur au kérosène. Finalement nous nous rabattrons sur un
feu de bois mort pour préparer notre repas. |
11 octobre:
Nous poursuivons notre montée dans la forêt. Bimal
est quelque peu inquiet à cause de l'ours qui a la réputation de hanter ces
lieux. Nous n'aurons pas l'occasion de le rencontrer, mais nous apercevrons un
singe. Dans la montée nous
ne rencontrerons personne, si ce n'est un cultivateur sur un terrain en pente
plus douce. La marche en forêt se fait souvent en frôlant une végétation
humide où les sangsues s'introduisent parfois sur les jambes. Le passage du col
se fait en pleine forêt (3200m). Dans la descente nous croiserons les seuls
touristes rencontrés en deux semaines (les Danois de Machha Khola
mis à part), un couple de français avec deux porteurs.
Plus bas nous nous invitons au thé avec un
groupe de porteurs gurungs rassemblés sous des abris de bambous. Rapidement il
va se mettre à pleuvoir. Et c'est la descente sur Khading dans la
boue et la pluie, en même temps qu'eux. C'est le "chef" du groupe qui
nous recevra dans sa maison ce soir. |
12-13 octobre:
Jusqu'a présent, dans les villages gurungs que
nous traversions, Bimal se sentait un peu chez lui. A présent
nous entrons dans une région ou l'ethnie dominante est Tamang. La
langue est différente, ce qui obligera Bimal à échanger dans la
langue nationale. Un arrêt a
midi nous donnera l'occasion (rare) de commander un peu de viande de moutons,
pour améliorer l'ordinaire. Le propriétaire des lieux semble de condition
aisée. Des photos de son service dans l'armée indienne ornent les murs de la
terrasse. Il doit bénéficier d'une pension intéressante. Sa femme tient une
boutique, ou des enfants viennent acheter des bonbons et des chewing-gums. Après Barang, un jeune de la
famille où nous avons passé la nuit, nous accompagne sur un bout de chemin en
allant travailler dans les champs une houe dans sa main. Il rayonne une joie de
vivre formidable. Entre Sertung
et Tibling, un hameau héberge des familles de forgerons que l'on
peut voir en plein travail. Ils vivent en dehors des villages car leur activité
est considérée comme impure. Le système hindou des castes a influencé les Tamangs
(pourtant bouddhistes avec un élément de chamanisme traditionnel), et les
forgerons sont considères comme de rang inférieur. Un
peu plus loin une famille en fin de voyage change les vêtements des enfants
pour leur mettre ceux qu'ils viennent d'acheter. Nous sommes à deux jours du
principal jour de fête de la période du Dasain (fête la plus
importante de l'année au Népal), et beaucoup de gens
investissent dans un vêtement neuf pour l'occasion. Nous croiserons pendant
deux jours nombre de gens en chemin pour rejoindre leur famille, un peu comme
pour les fêtes de fin d'année en France... sauf que tout se passe sur les
sentiers à défaut de routes. (Là où ces dernières existent, on peut
imaginer que les cars sont prix d'assaut). Bientôt
nous franchissons la porte (à caractère religieux) qui nous fait pénétrer
dans le village de Tibling, mais nous ne sommes pas au bout de nos
peines. Le village est entendu, reparti sur un dénivelé important, et nous
allons loger à l'extrémité supérieure. Ce qui est fait aujourd’hui n'est
plus à faire demain. |
14 octobre:
Car une montée importante jusqu'au col de Pang
Song (3800m) nous attend, principalement à travers la forêt.
Aujourd’hui
nous nous arrêterons pour préparer un peu de thé avec mon brûleur, que j'ai
réussi à réparer entre-temps.
Au col, à côté des murs mani, des chortens, des drapeaux de prière, un petit
hôtel vient de se construire il y a un mois. Il nous dispense de camper comme
nous l'avions prévu. Nous serons les seuls clients ce soir. A cette altitude il
fait plutôt frais et le feu sera apprécié.
Des bières sont disponibles, en
bouteilles un peu volumineuses de 650 ml, mais Bimal participe
volontiers a la consommation. |
15 octobre:
Je me lève avant le lever du jour pour le
regarder et profiter de la solitude silencieuse de ces pâturages d'altitude.
Nous consacrerons la matinée à faire une promenade jusqu'au sommet. Une vue
panoramique sur le Ganesh Himal et sur le Langtang
s'offre à nous, ainsi qu'une vue plongeante sur Somdang, le
village ou nous irons cet après midi. La pelouse que nous foulons ne serait pas
sans me rappeler les pelouses d'altitude drômoises... si les
rhododendrons ne
remplaçaient les buis et les genévriers.
Alors que nous n'avons vu personne au cours de notre promenade, beaucoup de
monde est arrivé au col pendant notre absence (toujours les déplacements dus
au Dasain) et nous ne serons pas seuls pour le repas de midi.
Puis ce sera la descente sur Somdang par un sentier relativement
récent qui relie le col a l'extrémité de la "route" (en fait un
chemin carrossable de terre et de pierres) en provenance de Trishuli
et de Dhunche. Il semble que la réalisation de ce sentier
entraîne une fréquentation accrue d'un col qui précédemment ne voyait passer
que quelques bergers et leurs bêtes. Somdang (3200m) est le
"camp de base d'une exploitation minière de zinc et de plomb située plus
haut dans la montagne, et alimentée en électricité par une ligne qui arrive
depuis Trisuli. Une quinzaine de personnes y travaille, mais elles
sont parties pour la fête du Dasaïn.
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16 octobre:
Autant nous aurons croisé beaucoup de monde les
jours précédents, autant aujourd'hui nous ne rencontrerons strictement
personne. C'est le jour le plus important du Dasaïn, et tous les
gens sont chez eux.
La montée au col de Paldol (3600m) se fait en suivant plus ou
moins la route, avec des raccourcis là où
elle fait des lacets. Le sentier de
descente suit le même tracé que la ligne électrique, et des troncs d'arbre
abandonnés au coeur de la forêt jonchent le sol, sans doute dus à
l'installation de la ligne.
Nous nous arrêterons en milieu de journée pour préparer le repas nous-mêmes.
Ce n'est qu'aux environs de la caserne qui précède Gatlang que
nous commencerons à rencontrer un peu de monde, en particulier trois jeunes
tibétaines portant du bois en direction du village. Dans la maison qui nous
héberge, alimentée en électricité, le fils (étudiant) libère sa chambre
pour nous. Peu avant la tombée de la nuit
nous allons voir la gompa (temple
bouddhiste) toute proche. Ce soir et demain nous aurons la chance de manger de
la viande. En effet beaucoup de bêtes sont sacrifiées dans tout le Népal
au moment du Dasaïn. On peut apercevoir les tranches de viande en
train de sécher, suspendues à cheval sur un fil genre fil a linge, a
l'intérieur ou a l'extérieur de certaines maisons. |
17 octobre:
Après un dernier thé gracieusement offert,
nous poursuivons par la route en direction d'un petit col qui
surplombe Golzong.
Là une femme tibétaine nous prépare le repas de midi tout en portant son
bébé derrière son
dos. Puis nous reprenons un sentier pour descendre sur Syabrubensi.
Au passage nous verrons une balançoire installée pour les enfants, toujours à
l'occasion du Dasaïn.
Syabrubensi
est, avec Dhunche, l'un des deux points de départ possibles pour
le trek classique du Langtang. Aussi le trekking va-t-il changer
de nature à partir de la. En effet les hôtels pour touristes sont
omniprésents avec un confort, des menus, des boissons adaptées à cette
fréquentation touristique.
On remarque toutefois que c'est le Dasaïn, à travers la fermeture
des magasins et a travers les hommes jouant aux cartes devant les maisons
mettant en jeu de l'argent conformément à la tradition.
La suite du trekking, assez classique
(le Langtang constitue la troisième destination de trekking
après la région des Annapurna et celle de l'Everest)
consiste à remonter la vallée du Langtang:
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18 octobre:
Jusqu'à Lama Hôtel
9 octobre:
Jusqu'à Langtang (après le passage par Ghora Tabela où il faut acquitter, si ce n'est déjà fait, le droit
d'entrée dans le parc naturel du Langtang) (visite à Langtang
d'une coopérative récente créée grâce à la coopération japonaise et
proposant du pain a la manière européenne et du fromage à la manière
italienne.
20 octobre jusqu'à Kenjin Gompa.
Le temps sera pluvieux dans cette montée, mais le beau temps reviendra. |
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21
octobre:
Tout est couvert de neige à partir de cette altitude, ce qui est
exceptionnel en raison des précipitations des
jours précédents. Une montée à 4300m sur la moraine
au-dessus de Kengjin Gompa permet de voir un paysage
grandiose.
Redescente sur Lama Hôtel le 22 octobre, sur Syabru
le 23 et sur Dhunche le 24. De la descente en car sur
Trisuli, à 50 km,
à une moyenne de 10 km/h.
Puis sur katmandou où nous arrivons le soir du
25. Pour remercier Bimal qui aura été non seulement un bon
porteur, mais aussi un compagnon agréable, connaissant bien le parcours et
débrouillard pour trouver hébergement et repas dans les villages, je l'invite
dans une vraie pizzeria tenue par une italienne à katmandou. J’ai appris en
effet qu'il aimait bien les pizzas.
L'agence ayant prix soin de confirmer mon voyage de retour en avion, il me reste
à revisiter Katmandou et à me procurer quelques souvenirs pour un copain avant
de partir pour la France de bonne heure le 27 octobre, emportant avec moi le
souvenir d'une expérience marquante: parcourir un pays avec l'un de ses
habitants dans des régions ne voyant passer que très peu de
touristes, et ces derniers le plus souvent en groupes organisés.
L'avantage de cette formule individuelle est de permettre un contact beaucoup
plus étroit à la fois avec les habitants rencontrés et le porteur qui
accompagne. En contrepartie il faut savoir s'adapter aux habitudes du pays.
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OCTOBRE 1999,
le journal de Claude
VOS CARNETS DE VOYAGES
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