Cette fois, ça yest, nous voilà de retour en Himalaya! C'est le Sikkim, dernier
état de l'union indienne, coincé entre le Népal, le Bhutan et le Tibet, qui a
nos faveurs. L' idée était de combiner un trek significatif (haute montagne)
avec la découverte culturelle de ce petit état singulier, en un temps pas trop
long (moins de 3 semaines): pari tenu! Véronique et Thierry, amateurs de
montagne et d' aventure, se sont ralliés au projet
Jour1:
Arrivée à l’aéroport de Bagdogra où l’accueil de l’équipe est à
la mesure de notre attente: chaleureux et professionnel. La
route est longue jusqu' à Gangtok. D' abord plate et
embouteillée par tout ce qui roule et qui marche, elle devient
subitement abrupte et sinueuse. Les contreforts de l’Himalaya se
dévoilent brutalement. Le 4x4 n’est pas un snobisme urbain mais
une nécessité, la mousson a fait des ravages cet été et l’état
de la voirie en témoigne. La nuit tombe brutalement et
prématurément: il n’existe qu’un seul fuseau horaire pour toute
l'Inde et nous sommes à l'est: le soleil se lève tôt et se
couche de même. L' arrivée tardive à l' hôtel nous laisse une
bonne surprise: luxe et confort avec un bon repas
NOVEMBRE 2007, SIKKIM, LA MAGIE BLANCHE
DU KANGCHENJUNGA,
LES PHOTOS DE BENEDICTE ET ALEXANDRE
VOS CARNETS DE VOYAGES

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Jour 2:
Départ matinal pour le Tsomgo Lake (3700 m), sur la
route récemment rouverte entre l’Inde et la Chine et
promise à un avenir commercial florissant. En fait de
marchands, c’est une procession de camions militaires et
camps du même type tout le long du chemin: la détente
est relative entre les géants asiatiques. Le lac, pour
sacré qu’il soit, offre un intérêt mitigé et sa quiétude
est un peu altérée par les fréquentations mentionnées...
Il a au moins le mérite de nous permettre une
acclimatation à l'altitude par une courte balade sur ses
berges. Retour à Gangtok, cette ville toute en pente, et
visite de l’Institut de tibétologie où l’on peut admirer
des tangkas et autres représentations de l'art
bouddhique, bien présentées. A proximité, visite d’un
stupa autour duquel se trouve une école pour jeunes
moines:
Ambiance inattendue de cours de récréation et d’enfants
hilares. Le soir, balade au marché animé. Une partie des
rues devient piétonne à cette intention, et pour
quelques heures.
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Jour 3:
Lever sous une fine pluie: la « room with a view » ne
dévoilera pas les sommets enneigés. Visite du monastère
d' Enchey, tout en sobriété mais non dépourvu de charme.
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Route vers
Rumtek, monastère bien plus imposant que le précédent,
comportant tout un complexe à vocation d' enseignement.
Nous sommes accompagnés d' un guide absolument charmant,
cultivé et prévenant sans être envahissant, qui nous
conte les petites et la grande histoire(s) de ce pays si
singulier qui a pu préserver sa culture et son
authenticité. Nous gagnons Ravangla dans l'après-midi
où, après un chemin difficile, nous arrivons sur un
plateau dégagé qui abrite notre hôtel. En fait, il s'
agit de pavillons en bois disposés de façon concentrique
autour d' un lodge principal abritant salons et
restaurant, le tout dans un jardin fleuri: un charme
fou! Le soir, nous goutons du vin indien (!) autour d'
un bon feu.
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Jour 4:
Route vers
Yuksom, début de notre trek. Visite du monastère de
Tashiding, juché sur unecolline en pain de sucre et où
l' accès est uniquement piétonnier. La vue alentour est
magnifique. L'endroit qui comporte plusieurs bâtiments
sacrés est quasi désert. Il règne une chaleur estivale,
l'ambiance est magique. On a aimé. Une superbe route au
points de vue incroyables, découvrant à chaque tournant
de petites habitations et des cultures en terrasses,
nous amène à Yuksom, gros village et point de départ des
treks. L'hôtel a belle allure, style British début de
siècle avec un personnel stylé sans être guindé. Encore
une bonne surprise. Balade dans le village où nous
rencontrons des groupes d'enfants qui nous abordent dans
un bon
Anglais, tous vêtus de l'uniforme scolaire
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Jour 5:
En route! Briefing avec le guide. Les bagages sont
acheminés sur des montures mais les porteurs et
cuisiniers ne sont pas délestés pour autant: nous
partons en autonomie pour 10 jours. Nous progressons
dans une vallée à la végétation luxuriante par un bon
chemin partiellement empierré, rendu indispensable pour
le passage des animaux et pour résister quelque peu à la
mousson, toujours très généreuse dans cette région car
nous sommes relativement proches du golfe du Bengale.
Peu avant midi, un cuisinier nous attend au détour du
chemin où il apparaît comme par enchantement et nous
tend un bol de thé au citron: nous apprécions autant le
geste que le rafraichissement. L’après-midi se déroule
sur le même mode. Nous croisons un hameau pourvu d'un
hôtel en piteux état et non gardé, destiné à héberger
les élèves de l’école d’Himalayisme de Darjeeling fondée
par Hillary, le vainqueur de l’Everest. Nous croiserons
au retour ces jeunes qui reviennent d’entrainement en
haute montagne. Nous arrivons à Tshoka, seul village sur
le trek, peuplé de réfugiés tibétains. Pour le repas du
soir, nous sommes invités chez la sœur de notre guide.
La maison est sombre et enfumée, nous dînons
(copieusement et avec appétit) dans la pièce principale
qui sert aussi de chambre dort souriants mais peu
communicatifs.
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Jour 6:
Lever avec
thé chaud et bassin d’eau chaude pour la toilette. Nous
voyons enfin le Pandim au soleil, majestueux sommet qui
ne nous quittera plus durant le trek, tel un phare
himalayen. La montée est longue dans une forêt de pins
en plein brouillard. L’atmosphère a quelque chose de
mystérieux. L’après-midi, le temps se gâte et c'est par
une pluie froide que nous arrivons à Dzongri (4000m),
simple pâturage pourvu de quelques masures. Au coucher
du soleil, les sommets se dégagent partiellement, la
lumière est très belle mais fugace et on les devine dans
un jeu d’ombre et de lumière. Dîner sous tente, à la
lampe à pétrole. Tupten raconte les légendes du Sikkim.
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Jour 7:
Lever à 4h30 pour aller voir le lever du soleil sur le
Kangchenjunga depuis une colline sacrée, pourvue de
drapeaux de prière et interdite au campement. Les
sommets sont parfaitement dégagés et contrastent avec la
vallée encore embrumée. Le panorama splendide! Retour au
camp où on paresse un peu. Le petit-déjeuner est servi
dehors au soleil. Touchant et anachronique de voir les
efforts contrariés par le vent d'un jeune cuisinier
s’affairant à dresser une nappe sur la table pliante. La
montée qui suit est douce, dans les alpages ensoleillés.
C’est un enchantement parmi des paysages éblouissants.
Nous nous arrêtons brièvement à un petit lac sacré (ils
nous semblent l’être tous pour les habitants des
hauteurs qui nous paraissent davantage animistes
queBouddhistes); Les montagnes (elles sont aussi dotées
d’une âme) se reflètent dans l’eau immobile. Descente
par un chemin forestier très raide jusqu' à une rivière
puis remontée de son cours jusqu' à Tanksing, alpage
d’altitude où nous dressons le camp. Le soir, partie de
cartes avec Tupten qui semble en connaître un bout: on
le suspecte de faire usage de ses manches longues et de
loucher sur ses voisins!
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Jour 8:
Départ cool
pour Lamuni: journée courte et facile avec faible
dénivelé (autour de 4000 mètres),propice à
l'acclimatation. On a perdu les chevaux pendant la nuit:
le palefrenier les retrouvera plus haut mais les repas
et les tentes(qu'ils portaient) se feront attendre. Le
temps se gâte et l'ambiance est un rien morose: on
spécule sur nos chances d' atteindre le Gotche-la
(5000m), but du trek. On nous distribue des bouillotes
avant la nuit qui s' annonce très froide.
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Jour 9:
Lever à 3h30 et ciel étoilé: on y va! Lampes frontales
et excitation...On dépasse Samiti lake (sacré of
course!) en pleine obscurité. Arrivée à « view point »
où la majorité des trekkeurs s’arrêtent (pas nous bien
sûr!) Superbe lever de soleil sur le Kang. La montée
continue, on est à la limite du mal de tête et pour ma
part, je ressens quelques sensations ébrieuses (sans que
l’alcool y soit pour rien, je le jure!). Le souffle est
court. On y arrive par un temps ensoleillé et sans vent,
y soit pour rien, je le jure!). Le souffle est court. On
y arrive par un temps ensoleillé et sans vent, ce qui
est plus rare. On jouit plus d' une demi-heure de la
beauté du Gotche-la, de la proximité et de la majesté du
Kangchenjunga, 3° sommet de la planète à plus de 8500
mètres. Notre enthousiasme est tel que Tupten nous
propose de continuer (sur l' air de « puisque vous en
voulez vous en aurez »)jusqu' au prochain col à une
heure de là en zone en principe interdite aux trekkeurs.
Il n' en faut pas plus pour nous exciter. Nous
découvrons une autre vallée s’étendant vers le Sikkim
nord, perdue dans un cirque de moraines et glaciers
gigantesques. Le retour sera long et exténuant, mais
toujours ensoleillé.
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Jour 10:
Nuit glaciale malgré les bouillotes et les épaisseurs.
Gel intense. Suite au gel nocturne progressif, un petit
cours d' eau a vu son trajet dévié la nuit et inonder la
tente des porteurs (sans tapis de sol). Ils nous
racontent en souriant cette mésaventure: incroyables
porteurs!
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Le soleil brille rapidement et la différence de
température est énorme en peu de temps: on se rase
dehors (pour la photo quand même). Au retour, on fait le
crochet par un petit lac (sacré!), mais le brouillard
nous rattrape en cours de journée et on n' y verra plus
rien! Tant pis, on redescend. Peu avant l'arrivée au
camp... un thé citron et son serveur, dissimulé derrière
un arbre.
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Jour 11:
Départ sous la pluie, chemin boueux à souhait, souvent
entravé par des troncs d' arbres. Les montures prendront
pour cette raison un autre chemin (plus long). Arrivée à
Phedang et lunch sous un crachin. Croisons une française
seule avec son guide, un peu lassée du temps.
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Descente vers Tshoka dans les mêmes conditions. Logement
dans un lodge avec lits individuels: un luxe. Pour le
dernier soir, les cuisiniers ont mis le paquet: défilé
de petits et grands plats ponctués d'un...gâteau au
chocolat. Nous goutons d' abord avec méfiance puis avec
enthousiasme à la bière de mill qui est semblable à un
vin léger. Voilà quelque temps que nous n' avions plus
passé une nuit sans ressentir le froid. A 3000 mètres,
la température nous paraît désormais clémente.
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Jour 12:
Départ sous la pluie pour la dernière étape. Après 2
heures, le temps s’éclaircit et l' air se réchauffe
sérieusement. Au loin, on aperçoit Darjeeling. Nous
goutons ces dernières heures de trekking comme
un bonheur rare. Au décours d’un sentier, nous
apercevrons furtivement des singes voler d’arbre en
arbre. C'est à l'heure du lunch que nous arrivons à
Yuksom, servis par toute l’équipe du trek. Adieux,
pourboires
et cadeaux. L’hôtel et la douche: le summum du confort.
Devant l’hôtel, alignement de motos Enfield participant
à un rallye trans himalayen.
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Jour 13:
Le voyage est
long pour Darjeeling, mais de toute beauté. Chaque
paysage est dévoilé est une carte postale, avec les
collines, les cultures en terrasse de ce pays vertical
et les montagnes enneigées en arrière-fond. Pour arriver
à Darjeeling, il nous faut emprunter une route très
escarpée qui serpente à travers le « tea-garden »,
plantations de thé à perte de vue, très bien entretenues
par une main d'œuvre principalement féminine. Seul le
haut de la ville a conservé un certain charme,
entre-autres par sa topographie.
Après l'institut des réfugiés tibétains, nous visitons
le zoo et le musée de l' himalayisme: émouvant de voir
le matériel dérisoire de l'époque et d'imaginer la
destinée romantique mais souvent tragique des
conquérants. La fin de journée est consacrée au shopping
(thé, cashmir, pashmina,...). Pour le séjour, on joue
aux riches et on s'installe dans un des meilleurs hôtels
de la ville, construit par les Anglais. Le charme début
de siècle est préservé, les serveurs et l’atmosphère
sortent tout droit d’un roman de Kipling. Un brandy au
coin du feu?
Jour 14:
Breakfast pantagruélique et départ pour un monastère
proche avec fête annuelle, défilés colorés, musique
monocorde basée sur les percussions: un peu longuet...
En chemin, on croise le toy-train, petit train à vapeur
circulant sur des voies étroites construites par les
Anglais et reliant la station à la vallée, circulant à
très faible vitesse, ponctuée de coups de sifflet.
Ce petit chef d'œuvre de nostalgie est inscrit au
patrimoine mondial de l' humanité par l'Unesco.
En chemin, visite d' une plantation de thé et
pique-nique ensoleillé, entre les arbres. Le soir,
arrivée à la gare de Siliguri où nous prenons le train
de nuit pour Calcutta. La gare en soi est un spectacle,
qui grouille de monde, passagers et vendeurs de toute
sorte. Ici s' arrête les services de l'agence, et nous
faisons nos adieux au guide et au chauffeur (ce virtuose
des cassis et nids de poule).
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Jour 15:
Le train traverse la banlieue de Calcutta au petit
matin, la moiteur de l'atmosphère nous assaille. La
journée
se passe à visiter et parcourir la ville. Les vestiges
britanniques sont pour la plupart sérieusement décrépis,
à l'image du cimetière colonial, témoin d'une époque
désormais révolue. La population est extraordinairement
dense, mais plutôt souriante, telle qu'au spectacle
offert lors du marché aux fleurs. C’est Devali,
nouvel-an indien: le soir règne une ambiance de fête, la
ville est éclairée de milliers de petites lumières et
animées
de feux d’artifice. Ainsi s’achève, sur une note
festive, ce voyage inoubliable.
Merci à Trinetra qui l'a géré avec souplesse et
professionnalisme en nous présentant des interlocuteurs
aimables et compétents.
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