Parfois
les plus beaux voyages se réalisent grâce à une rencontre. C’est
le cas de ce voyage qui est, à ce jour, mon plus beau voyage,
ainsi que pour Arnaud qui m’a accompagnée.
J’ai rencontré Jacqueline dans le cadre du travail. Jacqueline
et son mari, Michel, sont les correspondants, bénévoles (mais
passionnés !) à Paris, d’une petite agence de trek népalaise, Trinetra
Adventure.
Paris, le 10 janvier 2003
7h45 – Jacqueline et Michel passent me chercher pour me déposer
à la Gare du Nord où je retrouve Arnaud. Nous arrivons à Roissy
vers 9h00. On y apprend que notre vol est retardé de 3h30 !
départ à 15h00 au lieu de 11h20. Une fois dans l’avion, nous
attendons encore pas mal de temps car il gèle à Paris et un
dégivrage de l’avion est nécessaire. Nous ne décollons qu’en fin
d’après-midi.
Nous devions arriver à Katmandu le 11 janvier. Nous faisons une
escale non prévue à Barhein, où nous passons une nuit et une
journée avant de reprendre le cours normale du vol, c’est à
dire, escale à Abu Dhabi avec une nuit à l’hôtel et enfin le
lendemain un vol pour Katmandou. Résultat des courses 27 heures
de retard. Heureusement à Barhein nous avons pu envoyer un
E-mail à Trinetra pour les prévenir de ce retard.
Katmandu, le 12 janvier 2003
Nous arrivons à Katmandu vers 20h00. A la sortie de l’aéroport,
à 100 mètres devant nous, une foule de gens sont venus attendre
soient des clients, soient des amis. Pour des raisons de
sécurité, ils sont tenus de rester un peu à l’écart, car l’accès
à l’aéroport est interdit à toute personne n’ayant pas de
billet.
Nous repérons dans la foule la pancarte Trinetra et nous
dirigeons vers elle. De très brèves présentations et nous nous
dépêchons de partir, car des enfants essayent de prendre nos
sacs pour les mettre dans le coffre de la voiture en échange de
quelques roupies.
Dans la voiture nous faisons mieux connaissance avec les deux
personnes venus nous chercher. Ils sont des employés de l’hôtel
Tushita où Iman nous a réservé une chambre pour notre première
nuit à Katmandu.
Lorsque nous sortons du périmètre de l’aéroport, la voiture
s’arrête et fait monter un homme qui nous salut d’un « namasté
», le bonjour népalais, et se présente : c’est Harka, le frère
de Sunar. Sunar que nous avons connu une semaine avant notre
départ pour le Népal, chez Jacqueline et Michel. Il venait
d’arriver à Paris et repartait le lendemain pour Chamonix
s’entraîner au ski, en vu de passer le diplôme de Guide
International de Haute Montagne. S’il réussit, il sera le
premier Népalais a obtenir ce diplôme, et sera, par conséquent,
une carte de visite importante pour l’agence Trinetra. Sunar a
parlé de nous à Lalamaya, son épouse, et nous a appelé de
Chamonix pour nous inviter à partager sa maison de Katmandu
pendant nos vacances. Sunar, et tous les amis de Trinetra qui
étaient à la soirée de bienvenu, chez Jacqueline et Michel, nous
ont beaucoup parlé de Harka et c’est un plaisir de le rencontrer
enfin. Harka nous passe autour du cou, en signe de bienvenus, un
collier d’œillets d’Inde, des petites fleurs jaunes, un peu
rabougries, avec un parfum très léger. Ce petit geste simple, si
naturel en Asie et totalement inconnu en Europe, nous fait
incroyablement plaisir et nous donne un petit aperçu du sens de
l’accueil de ce pays.
A l’hôtel Tushita, on nous propose de dîner mais nous n’avons
pas du tout faim. Nous montons dans notre chambre pour une
douche mais il faut attendre au moins une demi-heure pour avoir
de l’eau chaude. En attendant, nous partons faire un tour dans
le quartier. En sortant, nous prenons la première rue à droite
et nous nous retrouvons dans une petite rue en terre battue. Il
fait nuit et il n’y a pratiquement pas d’éclairage. Nous
débouchons sur une petite place avec deux petits temples.
Quelques feux ont été allumés et des hommes se réchauffent près
de ces foyers. Quelques rick-shaws attendent encore quelques
hypothétiques clients tardifs, une vache sacrée traîne là sur la
place. Nous nous engageons dans une petite rue où nous trouvons
quelques boutiques, épiceries-bazars, encore ouvertes à cette
heure tardive. Nous nous aventurons dans des petites cours où se
dresse souvent un petit temple. Nous observons les façades
d’immeuble et leurs très petites portes et fenêtres, par
lesquelles nous apercevons l’intérieur des maisons et remarquons
que les plafonds sont très bas. Les quelques lampadaires allumés
s’éteignent, ça fait plus d’une demi-heure que nous nous
promenons. Nous rentrons à l’hôtel.
Ce petit quartier derrière l’hôtel Tushita, avec cette ambiance
nocturne fut notre première impression du Népal.
Katmandu,
le 13 janvier 2003
Une cheminée au milieu du salon de
l’hôtel nous invite à prendre un petit-déjeuner au coin du feu. Iman, que nous
avons connu l’été dernier à Paris, se joint à nous pour un café, avant de nous
donner rendez-vous à l’agence quelques instants plus tard.
Les rues de Katmandu nous paraissaient bien calmes hier soir mais ce matin
c’est le choc. La circulation est
dense,
beaucoup de vieilles voitures, de vieux bus, des motos et scooters, des tuk-tuks
aussi… et ils conduisent tous au klaxon. Les bruits de moteurs et de klaxons
montent de la chaussée et envahissent tout l’espace. Nous la sentons bien
maintenant la pollution de Katmandu dont on nous avait tant parlé. L’air que
nous respirons est lourd, certaines personnes portent un masque ou un foulard
devant le nez. A l’agence, nous faisons quelques formalités pour préparer notre
trek et nous voilà partis dans le quartier de Thamel, dit le quartier des
touristes. A cette époque de l’année, on y trouve très peu de touristes mais
beaucoup de monde tout de même. Une multitude de magasins pour touristes comme
tout banalement les cartes postales et magasins de souvenirs, mais aussi des
agences de trek, des magasins d’équipements pour trek ou expédition en haute
montagne, des hôtels et restaurants… On y trouve tout à Thamel. Nous flânons des
heures dans ce quartier, puis nous mangeons dans un restaurant Tibétain où nous
dégustons d’excellents momos. Avant de retourner à Trinetra nous faisons
quelques courses pour le petit-déjeuner de demain dans la maison de Lalamaya et
Sunar, car après cette nuit à l’hôtel, nous logerons chez l’habitant.
En fin d’après midi, Harka nous accompagne jusqu’à la maison, lui en moto,
nous en taxi. C’est la première fois que nous prenons le taxi au Népal et sommes
époustouflés par la dextérité du chauffeur qui se fraye un chemin dans les
petites rues grouillantes de monde et de véhicules. Tous les obstacles sont
évités au dernier moment. Arnaud, qui a pris place à côté du chauffeur a
toujours l’impression que ça ne passera jamais, qu’il va heurter l’enfant juste
là devant ou un deux-roues qui essaye lui aussi de se frayer un chemin, mais ça
passe à chaque fois, toujours au centimètre près.
Nous sommes accueillis par le chaleureux namasté de Lalamaya, épouse de Sunar,
et par ses enfants, Suk, Bismaya et Sangaï. Nous visitons la maison. Elle est
sur deux étages avec terrasse à chaque étage et sur le toit. Nous allons occuper
le dernier étage, Lalamaya et sa famille habitent le rez-de-chausée et le
premier étage. Je m’occupe de notre installation pendant que Arnaud et Harka
partent en moto découvrir le quartier afin que nous ne soyons pas trop perdus
demain. Le soir Lalamaya nous fait découvrir le dal bhat, le plat de tous les
jours des Népalais, du riz avec une sorte de soupe de lentilles, que l’ont verse
sur le riz, et des légumes aux épices. Nous sommes gênés et touchés par tant de
gentillesses.
Katmandu, le 14 janvier 2003
Pour gagner le centre de Katmandu,
il faut prendre un mini-bus (12 roupies soit 0,18 Euros pour deux). C'est un
petit fourgon avec deux banquettes l'une en face de l'autre et peu d'espace en
hauteur. Impossible de rester debout là-dedans ! La maison se trouve au terminus
de la ligne, et donc le matin nous aurons toujours
une
place au fond, près de la vitre. Heureusement d'ailleurs, car le " tembou "
(c'est comme ça qu'on appelle ce drôle de véhicule) est constamment bondé. Même
lorsqu'il n'y a plus de place, il s'arrête pour prendre du monde, on se serre
tous un peu plus et ça rentre toujours. Au début, nous étions très surpris mais
par la suite nous nous sommes dit que dans le métro c'était un peu la même
chose… Arrivés à Ratna Park, le terminus du mini-bus au centre de Katmandu,
nous nous dirigeons vers Durbar Square en traversant le quartier que nous avons
découvert le soir de notre arrivée. Tout est différent aujourd'hui. Les rues si
calmes ce soir-là sont aujourd'hui envahies par la foule. Les boutiques sont
ouvertes et étalent leurs marchandises dehors. D'autres marchands se sont
installés dans la rue comme pour un marché, colorant cette rue et lui donnant
vie. La vache sacrée se laisse toujours vivre sur la place au milieu de la
foule. Ce quartier de nuit nous a paru hors du temps, un peu moyen âgeux
peut-être et voilà qu'aujourd'hui il nous montre un autre visage. Au bout de ce
quartier, sur la gauche, se trouve le Durbar Square. Cette grande place, très
ancienne, avec une concentration importante de temples aux multiples toits, est
un lieu de recueillement et de prière mais également un lieu de vie. Dès notre
entrée, une jeune femme policier nous demande nos tickets que nous n'avons pas.
Elle nous montre le guichet et pendant qu'Arnaud achète nos billets, elle engage
la conversation avec moi en anglais. Elle est étudiante le
soir,
elle ne veut pas être policier toute sa vie, ce métier ne lui plaît pas. Elle me
pose quelques questions sur ma vie et sur Arnaud, me dit qu'elle aimerait
beaucoup partir du Népal, partir en France par exemple. Ceci, nous l'entendrons
souvent. La vie au Népal est très difficile, les gens rêvent d'une vie meilleure
et la vie meilleure est loin des frontières népalaises. Durbar Square, ses
temples qui se succèdent, ses dévots étalant les poudres rouges porte-bonheur,
ses saddhus assis sur les marches des temples, ses femmes Hindous et leurs saris
aux couleurs chatoyantes, ses vaches sacrées nonchalantes, ses pigeons qui ont
élu domicile sur les toits. Des porteurs et leurs lourdes charges sur le dos
traversent le Durbar entre les temples qui sont aussi le terrain de jeu des
enfants. Sur la périphérie du Durbar, des boutiques étalent leurs marchandises,
souvent des sacs grands ouverts de légumes secs ou d'épices, ou encore des
étalages de colliers de fleurs pour les offrandes. Cet endroit est très
touristique mais depuis notre arrivée nous sommes les seuls étrangers. Nous
restons toute la matinée dans cette ambiance bien népalaise
A SUIVRE
